Défaillances d’entreprises : un vent de menace sur les emplois locaux ?

L’actualité économique récente est marquée par un phénomène préoccupant : la hausse du nombre de défaillances d’entreprises. Après une période de stabilité post-crise, le retour à la normale, accentué par un contexte économique incertain et la hausse des coûts, met des milliers d’emplois en péril. Mais que signifie concrètement une défaillance pour les salariés, et comment s’y préparer ?

Le chiffre qui inquiète : l’emploi en sursis

Les dernières analyses confirment une stabilisation des défaillances, mais à un niveau élevé. Ces procédures collectives (sauvegarde, redressement judiciaire, liquidation) placent des dizaines de milliers d’emplois dans l’incertitude.

Selon les observatoires, deux types de menaces pèsent sur l’emploi au sein des entreprises en difficulté :

  1. La liquidation judiciaire : Ce jugement signifie la fin de l’activité de l’entreprise et, de fait, la suppression des emplois. Pour le salarié, c’est l’entrée immédiate dans une procédure de licenciement économique.
  2. Le redressement judiciaire : L’entreprise bénéficie d’une période d’observation pour tenter de se réorganiser et trouver un repreneur. Les emplois sont alors considérés comme « fortement menacés » tant que le plan de continuation ou de cession n’est pas validé.

Pourquoi cette tendance ?

Plusieurs facteurs conjugués expliquent cette situation :

  • L’effet post-Covid et le remboursement des Prêts Garantis par l’État (PGE) : Le « rattrapage » des procédures qui avaient été suspendues pendant la crise sanitaire.
  • Hausse des taux d’intérêt : Le coût de l’emprunt a renchéri, fragilisant la trésorerie des entreprises les plus endettées.
  • Incertitude économique et baisse de la demande : Une perte de confiance générale qui freine l’investissement et la consommation, touchant particulièrement l’industrie, le bâtiment et certains pans du commerce.

Conseils pratiques : que faire si mon entreprise est en difficulté ?

Pour les salariés, l’annonce d’une procédure collective est souvent synonyme de stress et d’incertitude. Il est crucial d’adopter une approche proactive pour protéger ses droits et son avenir.

1. En cas de redressement judiciaire (maintien de l’activité)

Le redressement judiciaire ne signifie pas un licenciement immédiat. L’activité continue, et votre rôle est d’assurer la survie de l’entreprise.

  • Renseignez-vous auprès des IRP (Institutions Représentatives du Personnel) : Le CSE et les syndicats sont les mieux placés pour obtenir des informations régulières sur la procédure.
  • Documentez votre situation : Assurez-vous d’avoir une copie de vos bulletins de paie et de votre contrat de travail. En cas de non-paiement des salaires, l’AGS (Association pour la gestion du régime de Garantie des créances des Salariés) prendra le relais.
  • Préparez l’avenir (même si vous restez) : Mettez à jour votre CV et votre profil LinkedIn. Même si vous soutenez l’entreprise, votre employabilité est votre meilleure sécurité.

2. En cas de liquidation judiciaire (cessation d’activité)

La liquidation entraîne un licenciement économique. Voici les étapes clés :

  • Activez l’AGS pour les salaires impayés : L’AGS garantit le paiement des salaires, indemnités de rupture et préavis non effectués. La démarche est gérée par le liquidateur judiciaire.
  • Concentrez-vous sur le reclassement professionnel :
    • Le CSP (Contrat de Sécurisation Professionnelle) : Si votre entreprise y est éligible, acceptez-le. Il remplace le préavis et offre une allocation supérieure à l’ARE (Allocation d’aide au Retour à l’Emploi) ainsi qu’un accompagnement renforcé et des formations. C’est l’option à privilégier.
    • L’accompagnement de France Travail : Même sans CSP, inscrivez-vous immédiatement à France Travail (ancien Pôle emploi) pour bénéficier de l’allocation chômage et de l’aide au retour à l’emploi.
  • Faites le point sur vos droits : Solde de tout compte, DIF/CPF (Compte Personnel de Formation), et indemnités de licenciement (payées par l’AGS).

Un impact local fort

Ces défaillances sont loin d’être des statistiques abstraites. Elles frappent souvent des bassins d’emploi spécifiques, créant un « choc » local :

  • Compétences en surcharges : Lorsque plusieurs entreprises d’un même secteur ferment, le marché se retrouve saturé de professionnels qualifiés, augmentant la concurrence pour les postes restants.
  • Fragilisation du tissu économique : La fermeture d’une entreprise locale majeure a un effet domino sur ses fournisseurs, ses sous-traitants et même les commerces de proximité.

La bonne nouvelle ? Les métiers en tension (aide à domicile, serveurs, certains artisans) offrent une bouée de sauvetage. Les compétences en adaptabilité, résolution de problèmes et intelligence émotionnelle sont plus que jamais recherchées pour naviguer dans cette période.

Conclusion : Si le marché de l’emploi marque le pas, la clé pour les salariés est de rester informé, de faire valoir ses droits et d’investir massivement dans la mise à jour de ses compétences pour s’adapter aux besoins du marché de demain.

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