Le travail à domicile ne convient pas à tout le monde

Une fois n’est pas coutume, une étude s’est intéressée au travail à domicile et à ses conséquences sur ses adeptes d’un point de vue sociologique. Si la productivité générale augmente, une majorité des employés ayant suivi ce programme de test ont décidé de retourner travailler au bureau neuf mois après le début de cette expérience.

On vante souvent les mérites du télétravail qui augmente significativement la productivité des salariés et diminue le taux d’absentéisme, tout en parvenant à préserver un bon taux de satisfaction chez les employés et les managers. Cependant, une étude publiée dans la revue Quaterly Journal of Economics s’intéresse aux conséquences d’un point de vue sociologique sur le télétravail. Et de ce point de vue là, le bilan est moins positif.

Cette étude s’est basée sur une expérimentation réelle. Les employés d’un centre d’appel de Ctrip, une agence de voyages basée à Shangaï se sont vus proposer la possibilité de travailler depuis leur domicile. Certains employés ont été écartés, du fait de leur manque d’ancienneté, ou de leur impossibilité à travailler depuis chez eux. La moitié du reste des effectifs a été assigné au télétravail aléatoirement et sur la base du volontariat sur un rythme de quatre jours par semaine.

Le travail à domicile développe la performance

Les résultats de cette étude viennent confirmer que le travail à domicile permet de développer nettement la performance des personnes le pratiquant. On a observé au sein de Ctrip une augmentation de 13% de la performance des salariés. Ces derniers travaillent en moyenne plus longtemps et traitent davantage d’appels, tandis que leur taux de déperdition diminue par rapport au reste des effectifs. Dans le même temps, leur niveau de satisfaction personnel augmente.

La moitié des employés abandonnent le travail à domicile

Malgré ces excellents chiffres, la moitié des salariés ayant participé à l’étude décident de retourner travailler dans les bureaux de l’entreprise à l’issue des neuf mois d’expérience. D’une manière générale, la raison qui a le plus influencé ce choix est que les salariés se sentaient esseulés. Ceux qui ont vu leur performance chuter suite au début du télétravail sont d’ailleurs les plus enclins à retourner à la vie de bureau. Un phénomène qui surprend Nicholas Bloom, professeur d’économie à Stanford et auteur principal de l’étude : « Qu’importe qu’ils évitaient une heure et demie de transports quotidienne et, en moyenne, gagnaient un peu mieux leur vie du fait de l’amélioration de leurs performances. »

Il faut préciser que la plupart des employés ayant participé à l’étude étaient volontaires, ce qui laisse supposer une plus grande motivation pour la travail à domicile. Ctrip s’était également chargé d’installer leurs postes de travail chez eux, et la nature passive de leur emploi était supposée favoriser le télétravail.

Ce qu’il est intéressant de noter dans les différentes études réalisés sur le travail à domicile, c’est que les corrélations entre le succès d’une expérimentation et les caractéristiques des employés sont très difficiles à trouver et rarement vérifiables. En d’autres termes, cela signifie qu’il est pratiquement impossible de prédire le succès ou l’échec de la mise en place du travail à domicile pour une entreprise. Cela dépend des personnalités des employés, du cadre de travail, des missions, de la zone géographique et de beaucoup d’autres facteurs. Les auteurs de l’étude suggèrent donc fortement de tester la performance d travail à domicile avant de le mettre en place.

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