Full remote : Faut-il s’attendre à un retour en arrière ?

De nombreux accords télétravail arrivent à échéance et nombreux se demandent si les entreprises françaises vont rétropédaler sur le full remote, à l’instar de nombreuses entreprises américaines qui ont rappelé les salariés au bureau. Décryptage.

Le télétravail en France, une modalité hybride déjà bien ancrée

Alors que les entreprises américaines qui rappellent aujourd’hui leurs salariés au bureau avaient été nombreuses à opter pour le télétravail total, les modalités en France ne sont pas tout à fait comparables. À part quelques métiers qui recrutent en télétravail total, c’est le télétravail hybride, et non le full remote, qui est aujourd’hui majoritaire parmi les employeurs français. Ces derniers proposent en moyenne 0,7 jour de télétravail par semaine, ce qui est en deçà des attentes des salariés français qui souhaiteraient travailler 1,4 jour par semaine à domicile.

Les Français restent attachés au bureau

Selon l’étude d’Ernst & Young Reimagined, publiée le 26 octobre 2023, la France reste le pays le plus attaché au travail en présentiel comparé au reste du monde. Les salariés français voient le bureau comme un espace de sociabilité professionnelle et très peu d’entre eux s’imaginent en full remote. Seuls 13% des salariés français du tertiaire aimeraient travailler à distance cinq jours sur cinq !

Une productivité augmentée avec le télétravail hybride…

D’après une récente étude de l’OCDE, la productivité d’un salarié est maximale avec un ou deux jours de télétravail. En effet, le télétravail hybride permet de mieux s’organiser et de se concentrer davantage que lorsqu’on est au bureau. On évite ainsi les microsollicitations qui sont sources de perte de productivité. Le télétravail hybride est aussi un levier clé de la qualité de vie au travail, qui joue sur la performance globale de l’entreprise. Aussi, les entreprises qui ont adopté cette organisation ont tout intérêt à la pérenniser, pour garder leurs salariés engagés et motivés et ne pas faire face à des pertes de productivité.

…Mais dégradée avec le full remote

En revanche, les constats ne sont pas les mêmes pour les entreprises qui sont passées au full remote. La semaine dernière, l’entreprise Publicis, qui s’était fait le chantre du télétravail total, a établi de nouvelles règles : pas plus de deux jours de télétravail par semaine et jamais le lundi. Selon Publicis, le télétravail total a entraîné une baisse de productivité.

Selon Benoît Serre, le vice-président de l’ANDRH, interviewé par Le Monde : partout, on renégocie les accords. Les dirigeants commencent à mesurer les conséquences structurelles du télétravail. La perte de productivité collective avec des salariés qui se croisent mais ne se voient plus. Ils comprennent que ce mode d’organisation perturbe énormément le management. Ils n’ont plus que 15 % à 20 % de l’effectif le vendredi. Ils ont parfois l’impression qu’on est passé à la semaine de quatre jours sans le dire. Et partout où l’on renégocie, que ce soit chez Safran, L’Oréal, ou Bouygues, ça râle.”

En conséquence, les employeurs risquent, comme Publicis, de chercher à mieux encadrer le télétravail hybride pour tirer parti des opportunités de ces nouvelles modalités de travail sans gréver leur productivité. Reste à savoir comment les salariés prendront ces nouvelles mesures …

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